Aussi singulier qu’il soit, le destin de sa mère possède une part d’universel qui renvoie à nos propres trajectoires, indice d’une grande littérature. Tout comme le héros de Vert bouteille, le récit d’Yves Wellens, né en 1955 à Bruxelles et auteur en deux décennies d’une demi-douzaine de livres de genres différents. Celui que l’on a surnommé « Je » à cause de son bégaiement survit à quatre ans et demi à une opération à cœur ouvert. A travers ses souvenirs de lecteur, des BD Dupuis et du Club des Cinq à Balzac et Dos Passos, s’approvisionnant chez Pèle-Mêle (tous les Bruxellois connaissent cette fabuleuse bouquinerie située entre la Place de Brouckère et la Gare du Midi), l’auteur D’outre-Belgique recrée par fragments les années 1960, moyennant quelques retours en arrière sur les années de guerre de son grand-père maternel originaire du Limbourg, qui reviendra de déportation, et de sa mère. Une période marquée par la mort de sa sœur «mongolienne» suite à un manque d’oxygénation de son cerveau lors de l’accouchement et par les incessantes disputes entre ses parents, son père étant devenu alcoolique, qui déboucheront sur leur séparation.
Par son livre, Yves Wellens montre qu’il sait que ce n’est que par un vrai travail sur l’écriture que des destins singuliers peuvent acquérir une dimension les dépassant. Qu’un adolescent cherchant son chemin entre son bégaiement et des parents en conflit est à même de toucher tout lecteur.

Michel Paquot

Source : http://www.blog-a-part.eu/mes-chers-parents-jecris-pour-vous/