L’enseignement va mal, très mal. Non seulement trop d’élèves quittent l’école sans savoir lire, écrire, calculer, raisonner mais ils sont incapables d’estimer leurs propres forces et faiblesses. Peu sûrs d’eux, convaincus d’être des nuls, ils sont aussi incapables de s’adapter au monde du travail, incapables de se rendre utiles à eux-mêmes et à leur société… On peut se demander pourquoi cet énorme gâchis. John Rizzo répond. Il répond pour la Wallonie… qui copie la France.
D’abord entrepreneur indépendant, l’auteur a formé des adultes au chômage. Il a constaté que ces adultes étaient incapables… je ne répéterai pas la triste litanie. Rizzo a eu la curiosité, le courage, la force d’aller à la source de cette incapacité. Il a découvert… je ne veux et ne peux pas raconter ce livre à lire absolument ! Rizzo explique tout et son style est si agréable, si facile que les presque 500 pages du livre s’ « avalent » littéralement en quelques heures.
Parents, enseignants, responsables, lisez Sauver l’école ? Vous comprendrez ce que je cherche à comprendre depuis mon arrivée en Belgique après une jeune vie et une carrière de 20 ans dans l’enseignement au Congo : pourquoi les élèves belges sont-ils si amorphes quand ils ne sont pas révoltés ? Pourquoi ne savent-ils rien, ne comprennent-ils rien ? Pourquoi ont-ils si piètre opinion d’eux-mêmes ? Rizzo répond à mes éternelles questions ! Aux vôtres !!
Et juste un exemple : Rizzo constate que les instituteurs sont obligés de suivre la même progression que leurs collègues enseignant au même niveau, qu’ils doivent arriver au même résultat. Ils y arrivent… en donnant les réponses aux questions au bout d’un certain temps de travail. Ils donnent des centaines d’exercices sur feuilles photocopiées, ils se donnent un travail fou… et leurs élèves ne cherchent pas à comprendre. Beaucoup sont incapables de comprendre, à tous manquent les bases !
Et ceux qui les auraient n’ont pas le droit de progresser à leur rythme, sont maintenus dans l’ « égalité pour tous », s’ennuient, se révoltent… perdent confiance en eux.
Mes collègues de l’enseignement secondaire répètent inlassablement que « c’est la faute de l’enseignement primaire » mais n’apprennent pas non plus les bases à leurs élèves : eux aussi ont un programme strict à suivre, eux aussi doivent travailler selon la même progression (sic!) que leurs collègues, tous doivent pouvoir donner les mêmes questions à l’examen. Cette situation me révolte d’autant plus que, vu mon âge, je suis libre d’enseigner comme je veux ou plutôt comme il est utile à mes élèves. Leurs jeunes profs sont trop souvent dépressifs, épuisés, je vois les meilleurs quitter l’enseignement ! Je vois les élèves les plus intelligents au chômage !!
Et ma conclusion est : lisez, s’il vous plaît, lisez ce livre essentiel et, ensuite, vous saurez précisément quoi écrire à une ministre que nous aimons croire de bonne volonté mais qui ne peut avoir l’expérience de John Rizzo. Rizzo mérite une « standing ovation » pour son livre, pour son enthousiasme, pour sa foi qui déplace les montagnes. Et maintenant c’est aux parents de déplacer les montagnes, dans l’intérêt des enfants, pour l’avenir du pays !
Mia VOSSEN
Source : http://www.enquete-debat.fr/archives/john-rizzo-sauver-lecole-16096