Fraîchement arrivé de sa petite Allemagne, le petit Lulu sent l'appel de l'aventure, le charme magique d'une mer d'histoires bien plus tranquille que l'orage et l'amertume de son quotidien.
Il délaisse ce père qui n'a su que le brimer sévèrement depuis que son monde est monde et répond à l'appel d'une conque imaginaire, empruntant seul du haut de ses onze ans les rues de Rotterdam, se réchauffant des petites notes répétées inlassablement de ses cours de piano.
Le petit pianiste est-il charmé par une sirène pour filer ainsi irrésistiblement?
Justement, en voici une, là, près du port, oublié dans les filets de pêche comme d'accoutumée par son père.
La raccommodeuse ne s'en offusque pas, son père est un grand lunatique, mais le temps peut être long quand on a plus de jambes pour se porter sur le sol.
S'aidant d'une brouette en bois, Lulu emmène aussi Elsje, elle connaît le chemin vers la mer, pourra tremper sa queue dans l'eau et lui raconter aussi son histoire sur le chemin.
Mais les rues de Rotterdam ne sont pas toujours sures pour deux enfants la nuit et voici que deux bras armés se proposent d'escorter le duo vers la destination d'azur.
L'air farfelu, aimable et les quelques chicots qui se battent en duel lorsque le soldat raconte ses aventures passées les mettent en confiance. Les histoires d'uns et des autres vont continuer de sortir de la boite au fil du chemin.
Tandis que le trio file doucement entre les cailloux pour visiter la mer, sentir ses embruns salés, humer ses effluves du grand large, écouter sa douce musique lancinante, la parole les mène dans l'Allemagne de Lulu, des Pays Bas d'Elsje au Pérou de Rodrigo Pànfilo Nunes de Alvarado y Carranza surnommé jadis « Rod le chevalier sanguinaire ».
Une sirène, un chevalier, des indiens. Le petit pianiste peut-il rêver nouvelle vie plus trépidante ?

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: « Le pianiste, la sirène et le chevalier » de Jean-Luc Cornette est une ode à la rêverie et à l'aventure, à la vie tout court sans être trop sérieux.
L'auteur fait entrer l'imaginaire et la sérénité par tous les pores (ou ports) de notre lecture, l'appel de la mer est une métaphore classique et sensitive du voyage, de l'aventure, ces trois personnages que rien n'aurait prédisposé à se rencontrer s'entendent finalement comme larrons en foire, animés de la même envie de vivre de belles choses.
Pour des raisons personnelles avec lesquelles ils décident de rompre, le petit pianiste, la sirène et le chevalier vont fuir la violence, la tristesse de leur monde quotidien pour être en paix avec eux mêmes, rebondir doucement d'une excitation nouvelle, être comme un poisson dans l'eau de nouveau.
L'auteur place des personnages d'aventures extraordinaires dans des situations ordinaires, une sirène, un ancien conquérant, un prodige du piano, face à des réalités dures, un père amer et tyrannique, un autre qui fit un dur choix pour permettre à sa petite fille de survivre en lui donnant une queue de poisson, un soldat hanté par sa guerre passée contre les indiens du Pérou..
On pourrait imaginer les « enfants sauvages » de Peter Pan dans les rues de Londres tentant de retrouver le chemin de leur monde de jeux, de sirènes et de pirates ou juste des adultes se rappelant l'importance de profiter des petites choses simples mais tellement bonnes, un voyage à la mer par exemple.
« Le pianiste, la sirène et le chevalier » est un petit fiction courte aux portes de l'enfance et une réalité plus adulte qui ne se prend pas au sérieux, une aventure qui fait grandir sans pour autant oublier les enfants que nous restons tout au fond.
Un chocolat doux et amer qui tiendra chaud pour les lectures sous la couette les jours d'hiver.
A savourer à partir de 9 ans.

Source : http://grignoteursdelivresjeunesse.hautetfort.com/archive/2015/06/08/le-pianiste-la-sirene-et-le-chevalier-jean-luc-cornette-5636234.html