Par une nuit noire comme du charbon, un petit garçon marche face au vent, arpentant les rues de Rotterdam. Il gèle à pierre fendre. Nous sommes en décembre 1781. Lulu, tel est le nom que tout le monde lui donne, est venu en Hollande avec ses parents pour donner un concert. Car il est pianiste. Un pianiste prodige. Quand il s’est retrouvé dans sa chambre après la représentation, il ne parvenait pas à s’endormir. Un désir intense l’avait envahi : il voulait partir. Quitter cette pièce, laisser derrière lui son père, si violent, si dur avec lui – musicien lui-même – , respirer à pleins poumons, fuir, se sentir libre de ses mouvements et de ses pensées.
Le long des canaux, il rencontre Elsje. La petite fille est assise sur des caisses dégageant une odeur nauséabonde. Étalés autour d’elle, des filets de pêche qu’elle raccommode. Son pêcheur de père l’a encore oubliée ce soir. Elle en a l’habitude. Il est distrait. Avec un large sourire, elle montre à Lulu, la jolie queue de poisson en broderie qui remplace ses jambes. Les longs cheveux de la petite sirène vole au vent et ses yeux bleus semblent remplis d’étoiles.
Lulu et Elsje sont heureux de s’être trouvés. Ils ne sont plus seuls. Lulu la hisse sur une charrette et les voilà partis en direction de la mer. En chemin, ils font la connaissance de Rodrigo, un vieux chevalier, marqué par la vie, une vie faite de guerres. Un passé funèbre qui hante ses nuits.
Les trois compagnons vont joindre leur solitude, ouvrir leur coeur, partager leurs angoisses. Ils se raconteront tout, cette nuit-là. Une nuit qui restera à jamais gravée dans leur mémoire.
Un très beau roman sur l’amitié, la confidence, l’espoir et la liberté. Les personnages sont émouvants, l’écriture est belle, le vocabulaire soutenu, les illustrations tout à fait à la hauteur des mots. Un texte qui a su me toucher.
« Le paradis est parfois juste une rue plus loin. Deux ou trois enjambées et l’univers change. Il faut oser faire le premier pas. »
« – Écoutez-moi bien, le pianiste virtuose et la sirène de la mer du Nord. Vous êtes des enfants et, bien que quotidiennement vous vous leviez pour retrouver un père qui frappe sans vergogne ou pour vous souvenir d’une mère disparue entre deux vagues, vous vivez le plus bel âge. Vous pouvez encore décider ce que sera votre vie. Votre vie d’adulte. Vous avez un devoir, celui de garder la maîtrise de votre destin, malgré l’inconnu qui se cache derrière chaque coin de rue. Et il y a une chose avec laquelle il ne faut jamais transiger. (…) – Et cette chose, c’est la liberté! »
Source : https://lesmotsdelafin.wordpress.com/2015/08/29/le-pianiste-la-sirene-et-le-chevalier-jean-luc-cornette-et-thomas-gilbert/